
Cérémonie des voeux le jeudi 31 janvier 2020 à Isléa – Avermes
Madame, Monsieur, chers amis,
Je veux déjà vous remercier toutes et tous pour votre présence nombreuse à cette cérémonie de vœux, présence qui témoigne à la fois d’un esprit républicain affirmé, d’un encouragement à persévérer ou encore d’un regard convergent sur notre société.
Je termine ce soir une longue série de vœux et j’ai participé à de nombreuses cérémonies au cours desquelles j’ai pu échanger avec beaucoup d’entre vous. Les vœux, au-delà des souhaits que nous pouvons formuler pour les uns et les autres sont avant tout des espaces de rencontres.
J’ai pu mesurer à nouveau combien le mot proximité était plein de sens. À quelques semaines du renouvellement des conseils municipaux, j’ai à nouveau pu vérifier combien l’échelon local était important, indispensable pour une société de respect, de tolérance et d’intégration, pour le vivre ensemble.
Je veux donc ce soir, d’une manière très solennelle et très sincère remercier tous les élus municipaux qui achèvent ce mandat.
Oui, merci pour votre engagement pour l’intérêt général, merci d’avoir consacré du temps, parfois beaucoup de temps pour les autres et le bien commun.
Merci à vous les Maires, à vous les adjoints, à vous les conseillers municipaux qui finissez ce mandat. Et merci à toutes celles et ceux qui s’engagent ou se réengagent pour le suivant.
Contrairement à ce que disaient les oiseaux de mauvais augure, il y aura bien des listes partout, même parfois trop !
Oui partout pour que vive notre démocratie, à la fois dans sa diversité et souvent à l’échelon communal, dans sa complémentarité.
Je dis cela parce que j’ai souvent entendu l’argument de la difficulté à constituer des listes pour justifier que dans notre Pays, il y aurait trop de communes et qu’il était inéluctable qu’elles devaient se regrouper.
Je ne partage pas ce point de vue.
Nos communes, loin d’être trop nombreuses sont avant tout une véritable richesse pour la France.
Oui, une richesse parce qu’elles sont la proximité. Elles constituent un repère pour celles et ceux qui cherchent une solution à un problème ou un simple renseignement.
Elles ne sont donc pas un problème, mais la solution.
Ne cédons pas à ce phénomène de mode, qui sous couvert de modernisme voudrait chambouler plus que de raison nos institutions.
Ça ne veut pas dire pour autant que rien ne doit changer, qu’il ne faut pas adapter nos collectivités aux réalités d’aujourd’hui. Nous ne sommes plus, ni au 19ème siècle, ni au 20ème.
Les métiers évoluent, le numérique envahit notre vie. Nous ne pouvons pas ignorer les nouveaux modes de vies.
C’est dans ce contexte que j’avais sollicité le comité d’évaluation et de contrôle de la commission des finances de l’assemblée nationale au sein de laquelle je siège pour demander un rapport sur la question des services publics en milieu rural.
Cette demande a été acceptée et j’ai passé plusieurs mois à travailler sur ce sujet avec l’un de mes collègues députés des Pyrénées Atlantiques et membre du groupe MODEM qui avait formulé la même demande.
Ce travail a été précédé par une étude réalisée par la cour des comptes sur laquelle nous avons pu nous appuyer et nous avons ensuite procédé à de nombreuses auditions de personnalités référentes sous forme de tables rondes autour de différents thèmes :
- Les perspectives d’évolution démographique, économique et sociale dans les territoires ruraux
- Sur quels leviers jouer pour améliorer leur attractivité
- Sur les atouts et les limites du développement du numérique
- Sur l’accompagnement des usagers
- Sur le pilotage de l’accessibilité des services publics en milieu rural et les maisons de services au public.
Nous avons également auditionné la directrice du développement des capacités des territoires au commissariat général à l’égalité des territoires (le CGET).
Nous avons eu aussi un entretien avec Madame Jacqueline Gourault, ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales.
Nous avons également effectué un déplacement dans le Calvados pour rencontrer des organisateurs et acteurs de structures d’accès mutualisées aux services publics.
Je ne veux pas passer la soirée sur cette question mais il me tenait à cœur de vous donner des informations sur cet important travail trans-partisan que nous avons réalisé avec mon collègue, car autant ce rapport a eu un écho intéressant au niveau national (le monde, Marianne, La Croix, la gazette des communes pour ne citer qu’eux), autant il a été ignoré ici par la presse écrite locale et régionale.
Nous avons remis ce rapport en octobre dernier et nous avons présenté au comité d’évaluation et de contrôle les 23 propositions que nous avons formulées.
Comme celle par exemple de rendre obligatoire un stage en milieu rural pour les étudiants en médecine ou encore de redéployer les emplois supprimés dans le département vers d’autres services publics pour stopper la disparition des emplois.
Nous avons préconisé un temps d’accès aux services inférieur à 20 minutes, notamment pour les maisons de services au public qui doivent devenir les Maisons FRANCE Services.
Vous pouvez retrouver ce rapport sur le portail numérique de l’Assemblée Nationale, rapport que j’ai adressé sous forme papier aux 126 Maires de la circonscription.
Dans un tout autre registre, et dans le cadre de ma fonction de rapporteur spécial de la mission anciens combattants, je suis fier d’avoir fait adopter par l’Assemblée Nationale, dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances 2020, une avancée significative pour les veuves d’anciens combattants. Elles pourront désormais, à compter du 01 janvier 2021, se voir attribuer une demi-part fiscale supplémentaire dès lors que leur mari décédé percevait la retraite du combattant.
Jusqu’à maintenant, elles se voyaient attribuer cette demi-part seulement si leur mari en avait lui-même bénéficié.
La loi prévoit qu’il peut en bénéficier à partir de 74 ans.
Donc s’il décédait avant cet âge, sa veuve ne pouvait pas y prétendre.
L’amendement que j’ai déposé supprime cette injustice. C’est un peu technique mais je sais par les nombreux retours que j’ai eus que les associations d’anciens combattants saluent unanimement cette avancée.
L’année prochaine, toujours dans le cadre de cette mission, je me battrai pour la revalorisation de ces retraites. Ce n’est pas gagné encore !!
Comme l’an dernier, notre département a subi une nouvelle sécheresse avec des températures record, mettant à mal les organismes et la nature, avec les conséquences désastreuses pour notre agriculture.
Notamment pour les éleveurs qui n’ont pas pu reconstituer suffisamment de stocks pour nourrir leurs animaux, les obligeant à effectuer des achats extérieurs ou/et pour certains à vendre prématurément des animaux, le tout dans un contexte économique défavorable.
Comme l’an dernier, j’ai sollicité les Maires de la circonscription pour qu’ils appuient les démarches effectuées par la Préfecture et la profession visant à la reconnaissance de calamité agricole par des délibérations de soutien à la démarche.
Je remercie sincèrement celles et ceux qui ont répondu présent et ils sont très nombreux à l’avoir fait.
Les 2 départements retenus en premier ont été l’Allier et le Puy de Dôme mais à des taux de perte inférieurs à ceux sollicités. J’ai remis personnellement la semaine dernière un courrier au ministre de l’agriculture pour demander, comme l’a fait la préfecture, un relèvement de ce taux qui concerne une grosse partie de la circonscription. Pour un département comme l’Allier et notre circonscription, la question agricole est primordiale et cette profession est dans la tourmente. Dans la tourmente d’un point de vue économique du fait des aléas climatiques et d’une conjoncture en viande bovine loin d’avoir bénéficié des effets que promettait le gouvernement avec la loi EGALIM. Dans la tourmente médiatique car les agriculteurs sont souvent accusés de tous les maux, que ce soit en terme d’impact environnemental ou encore de bien-être animal.
Nous avons pourtant, dans notre cœur d’Allier, là où est né le premier label rouge de France en viande bovine, une des agricultures les plus riches en terme de qualité (malheureusement insuffisamment rémunérée) et une agriculture respectueuse de l’environnement même si on peut toujours faire mieux.
Je voulais le dire car je sais que beaucoup baissent les bras et de nombreux exploitants jettent l’éponge. La future PAC devra prendre plus en compte les territoires d’élevage extensif comme l’Allier pour redonner des perspectives à une profession malmenée depuis trop longtemps.
Notre Pays est en plein doute. Après la crise des gilets jaunes et l’absence de véritables réponses à ce sentiment d’abandon et d’injustice exprimé durant de long mois, la France doit faire face à un mouvement social inédit quant à sa mobilisation et sa durée.
La réforme des retraites ne passe pas, et un sondage montrait encore la semaine dernière que 61% des Français souhaitaient le retrait de cette mauvaise réforme.
On ne peut pas en permanence se retrancher derrière le programme du Président de la République, et il est à mon avis utile de rappeler, peut-être plus souvent que nous ne le faisons, qu’Emmanuel Macron a réalisé un score de 18,19% des inscrits au premier tour de la présidentielle (moins d’un Français sur 5) et qu’il ne doit son élection qu’aux nombreux Français qui ont avant tout voté contre Madame Le Pen au second tour, sans pour autant adhérer à ses engagements. Il ne peut pas en permanence l’ignorer pour imposer des réformes que les Français ne comprennent pas et ne veulent pas.
On ne peut pas faire le bonheur des autres contre leur volonté.
Il serait “écrit” que parce que nous vivons plus longtemps, que l’espérance de vie a augmenté, qu’il faudrait travailler plus longtemps !!
Cette première affirmation en elle-même fait déjà débat !!
L’espérance de vie est-elle la même pour tout le monde ?
La réponse est non et ce gouvernement a déjà retiré un certain nombre de critères pour apprécier la notion de pénibilité qui pouvait permettre à certains de partir plus tôt. Cette question doit être au cœur des discussions car il existe un décalage de 10 ans d’écart d’espérance de vie entre certaines professions.
L’espérance de vie en bonne santé : voilà encore un élément essentiel à mettre dans la discussion.
On a bien compris en fait, qu’avec cette réforme, il faudrait travailler plus longtemps pour à terme percevoir moins.
Travailler plus longtemps quand on sait que la tranche des 60-64 ans a un taux d’emploi de 30%.
On veut faire travailler plus longtemps des français qui sont déjà exclus de l’emploi.
Beaucoup solliciteront leur retraite avant l’heure et se verront donc appliquer un malus à vie !
On sait qu’il y a moins d’actifs cotisants par retraité qu’auparavant mais pour autant, la France est- elle moins riche ?
Non, là comme pour d’autres questions, il s’agit d’une question de répartition des richesses.
Le journal le Monde titrait récemment : les dividendes ruissellent sur le CAC 40 !!
Effectivement, l’année 2019 est celle de tous les records et l’ONG OXFAM qui vient de publier son rapport annuel le confirme. Le fossé continue de se creuser entre les plus riches et les plus pauvres en France.
Alors qu’en 2018, le taux de pauvreté a atteint 14,7% contre 14,1% l’année précédente, plongeant 400.000 personnes supplémentaires sous le seuil de pauvreté, Bernard Arnault, le patron de LVMH, devenait l’homme le plus riche du monde avec une fortune de 117 Md d’€, en progression de plus de 50 %.
Nous sommes dans l’indécence la plus totale et les mesures prises lors des derniers budgets comme la suppression de L’ISF ou l’instauration du prélèvement forfaitaire unique n’ont fait que l’amplifier.
C’est aussi dans ce contexte qu’on tente de faire croire aux français que pour sauver notre système de retraite par répartition, il faudra travailler plus longtemps pour toucher moins. Ça ne peut pas passer !!
Les revenus financiers comme les dividendes versés par les grosses entreprises ne cotisent pas pour les retraites, alors que ces revenus, proportionnellement aux revenus du travail ont fortement progressé ces dernières décennies.
Même certaines composantes de la majorité, comme des députés MODEM, appuient notre revendication de faire contribuer ces revenus aux retraites.
Enfin, pour enfoncer le clou, on tente de diviser les Français, en mettant en exergue les nantis des régimes spéciaux, comme la SNCF par exemple …. et par ailleurs on crée des régimes spécifiques.
En fait, on peine à s’y retrouver et le malaise grandit chez les avocats, les enseignants ou encore les agents de la fonction publique pour ne citer qu’eux.
On dit que les retraites à venir ne pourront pas être inférieures à 1000€ par mois pour une carrière complète (on en attend toujours la définition), mais on oublie que les retraités actuels qui perçoivent 7 ou 800€ par mois resteront à ce niveau. C’est une supercherie.
Mesdames et Messieurs, cela nous promet encore des débats animés et rien ne dit que ce projet va passer comme une lettre à la poste, d’autant que l’avis rendu par le conseil d’état vendredi dernier a ouvertement critiqué ce texte et notamment le choix de recourir à 29 ordonnances. La plus haute juridiction administrative française a relevé également des projections financières lacunaires. Tout cela montre que ce projet mal ficelé doit être retiré de façon à poser les bases d’une réforme concertée et de progrès. Nous sommes 75 parlementaires à avoir co-signé un courrier au Président de l’Assemblée Nationale pour dénoncer les conditions d’examen de ce texte.
Je faisais référence tout à l’heure à la seconde sécheresse consécutive et surtout aux températures record auxquelles nous avons dû faire face. Après la Californie, le Brésil, l’Australie n’en finit pas de brûler…
Pour ceux qui en doutent encore, à l’image d’un Président des États-Unis irresponsable, le réchauffement climatique est en cours avec à terme ses conséquences sur notre planète et ses habitants.
Nous sommes loin des objectifs pour lutter contre ce processus et le système économique mondial basé sur la concurrence dans tous les domaines ne contribue en rien à ralentir ce processus.
Bien sûr que chacun à son niveau doit prendre conscience de sa responsabilité à modifier certains comportements et à s’engager personnellement dans son quotidien, mais sans changement de paradigmes, nous échouerons collectivement car les intérêts de celles et ceux qui possèdent le monde sont incompatibles avec une politique responsable dans ce domaine.
- Le combat est suffisamment difficile à mener et gardons dans le giron public tout ce qui touche
- Le pont
- Le fonctionnement de la permanence
- L’équipe
- La santé l’hôpital
Jean-Paul Dufrègne