
Lecture définitive du PLF 2021 : mon intervention
Nous voici au terme de l’examen du projet de loi de finances pour l’année 2021.
Plus que jamais, le budget proposé aurait dû être celui de la solidarité et du soutien. Il aurait dû être à l’écoute des personnes les plus fragiles, et de tous ceux qui ont été frappés de plein fouet par les conséquences de la crise sanitaire, sociale et économique que nous connaissons, et qui continuerons de l’être tant que tout cela ne sera pas derrière nous.
Que s’est-il donc passé en chemin ?
Avant de rentrer dans le vif du sujet, j’aimerais d’abord déplorer la tenue des débats. Avec un calendrier aussi serré que celui qui nous est imposé, il est inadmissible de n’avoir prévu qu’une soirée pour la nouvelle lecture du PLF. Nous avons donc dû examiner plus de 850 amendements entre 18h30 et 06h du matin, dans la nuit de mardi à mercredi.
Entendez-bien que c’est absurde et pas à la hauteur des enjeux. Evidemment on nous répondra que bien des sujets ont été abordés en première lecture, mais tous ne l’ont pas été. Et c’est sans parler de la commission qui a elle aussi expédié bon nombre d’amendements sans vraie discussion, par manque de temps. Et de volonté.
Comme chaque année, aucune concession n’a été faite.
Vous n’avez reculé sur rien. Vous avez refusé tous les amendements de l’opposition, et notamment les nôtres, qui visaient à soutenir les plus précaires, les plus jeunes et les plus fragiles. Somme toute, ce sont ces plus de 10 millions d’hommes et de femmes qui vivent sous le seuil de pauvreté et que vous abandonnez. Au travers de nombreux amendements, nous nous sommes faits la voix de tous ces oubliés mais malheureusement la majorité et le gouvernement sont restés sourds. Sourds face à la détresse des françaises et française, sourds face aux revendications de ceux qui n’ont plus rien.
Qu’est-ce que l’on attend ?
Vous avez fait le choix de la dette, inévitable dans une certaine mesure, mais les plus aisés auraient pu mettre la main à la poche. Vous ne leur avez rien demandé. Nous proposons et martelons qu’il faut pourtant agir. Mais vous, vous refusez de taxer les GAFAM et les dividendes des grandes entreprises, vous refusez de supprimer leurs niches fiscales ou bien encore de mettre de la conditionnalité sur les aides. Dans le même temps, vous refusez d’engager la discussion sur un rétablissement de l’ISF ou sur une contribution exceptionnelle des plus riches. Et pourtant, pourtant vous acceptez de baisser la fiscalité pour les entreprises les plus riches, encore et toujours plus.
Au final, jusqu’au bout du mandat vous conserverez cette volonté farouche qui vous anime de préserver les plus aisés d’entre nous et d’encourager l’amassement de richesses sans redistribution ni justice fiscale, sociale ou écologique.
Certaines avancées sont toutefois à féliciter. Je me réjouis qu’un amendement permettant d’élargir la possibilité de bénéficier du crédit d’impôt à l’ensemble des agriculteurs exerçant une part significative de leur activité en polyculture ait été adopté. Il avait été proposé par mon collègue André Chassaigne mais c’est celui de Jean-Baptiste Moreau qui a été adopté par la majorité. Le prolongement du PTZ ou encore des ZRR jusqu’en 2022, entre autres, c’est une bonne chose
Toutefois il reste des sujets en marge.
Le secteur de la culture aurait mérité un plus grand soutien. Les parcs de loisir, les parcs animaliers, plus largement tout ce qui relève de la culture et qui a été jugé non essentiel, mais pourtant bien indispensable à la vie en société, n’ont eu que très peu de soutien lors de nos discussions. J’ai déposé un amendement en faveur de la création d’un fonds de péréquation destiné à rétablir l’égalité entre les espaces de loisirs, d’attractions et culturels, il a été refusé. Cependant le gouvernement s’est engagé à faire du « cousu-main » et à apporter une réponse au cas par cas. J’attends de voir ces promesses tenues.
Je tiens également à inviter la représentation nationale et le gouvernement à garder un œil attentif sur les collectivités. Avec toutes les réformes qui ont été engagées, et malgré la promesse d’une compensation, il faut rester attentif à la capacité d’investissement des collectivités locales. Elles sont le moteur du tissu économique et de la vie à l’échelon local, mais aussi national.
Ainsi, et pour toutes ces raisons, les députés du groupe de la gauche démocrate et républicaine ne voteront pas ce projet de loi de finances, qui n’est pas à la hauteur des enjeux ni de nos concitoyens et concitoyennes.
Intervention du jeudi 17 décembre 2020