
PLF 2021 : Mon explication de vote pour la 1ere partie du texte
Après une semaine d’examen, nous devons nous prononcer sur la première partie de ce projet de loi de finance. Cette partie qui porte sur les recettes de l’État est évidemment essentielle : c’est elle qui détermine les moyens dont disposera l’État, dans les mois qui viennent, pour relever les défis de la crise sanitaire, économique et écologique que nous traversons.
Durant les débats, vous n’avez eu de cesse de vous féliciter de la baisse continue des prélèvements obligatoires depuis 2017, comme si la baisse des prélèvements pouvait constituer un projet politique.
Faut-il rappeler ici, à l’heure où la puissance publique est pleinement mobilisée, que les impôts et les taxes ne sont pas un fardeau, une ponction qui pèse sur les Français, mais qu’ils constituent le préalable indispensable à une politique d’investissement public ambitieuse, au soutien des plus précaires, au financement des services publics du quotidien à condition bien sûr qu’ils soient justement répartis.
Dès lors, lorsque vous baissez de manière aveugle la fiscalité sur toutes les entreprises comme vous le faites avec les impôts de production, quand vous faites cadeau sur cadeau aux plus riches comme vous l’avez fait depuis le début du mandat, vous mettez à mal l’État social, vous affaiblissez la solidarité nationale et détruisez les services publics.
En réalité, dans ce pays, plus on a les fesses au chaud et plus on a le cœur froid !
Personne n’est dupe: vous baissez les impôts et créez sciemment du déficit public pour pouvoir réduire, d’ici un an ou deux, les dépenses utiles au pays au nom du rétablissement des comptes publics.
Vous avez de fait refusé toutes nos propositions et toutes les propositions de la gauche pour financer la relance économique, répondre aux difficultés des plus fragiles et conduire une authentique politique de transition écologique. Plongés dans un profond sommeil dogmatique, vous refusez tout retour critique sur votre action et êtes désormais bien seuls à croire à l’effet bénéfique de vos réformes fiscales en faveur des plus riches.
Même le rapport de France Stratégie, institution pourtant directement rattachée à Matignon, conclut de manière lapidaire qu’elle n’est pas capable de trouver un effet de votre réforme sur l’investissement des entreprises.
Vous avez refusé de taxer les dividendes, de taxer les GAFA, de supprimer les niches fiscales des grandes entreprises au motif qu’il fallait de la stabilité fiscale pour les entreprises. Cette stabilité vous importe bien moins lorsqu’il s’agit de baisser les impôts au profit des grands groupes.
Vous nous dites qu’il faudra que les Français remboursent la dette publique, accumulée à l’occasion de la crise sanitaire, mais lorsqu’il s’agit de dépenser pour les grandes entreprises ou pour les plus riches, sans contrôle et sans contreparties, la dette n’est soudainement plus un problème.
Elle en redeviendra un à coup sûr, dans quelques années, quelques mois peut-être, lorsqu’il vous faudra justifier les nouvelles mesures antisociales que vous gardez sous le coude.
Ce projet de loi de finance passe donc complètement à côté de son sujet. Alors qu’il nous faut d’urgence faire en sorte que l’État et les collectivités locales disposent de moyens renouvelés pour faire face aux enjeux sociaux et environnementaux, votre priorité est une nouvelle fois d’affaiblir l’État. Vous renoncez à soutenir les territoires et les secteurs qui en ont le plus besoin, pour déverser à flot l’argent public dans un tonneau des Danaïdes qui ne ruissèlera malheureusement pas sur nos concitoyens dans la difficulté.
Vous ne nous proposez pas le retour aux « jours heureux », mais proposez monsieur le Ministre que la dette publique issue du Covid, une fois cantonnée, soit remboursée petit à petit par les Français. Et grâce au cantonnement, votre nouvelle trouvaille, chaque français pourra suivre, au fur et à mesure de ses sacrifices, combien il lui en reste encore à réaliser. Quel bel horizon vous nous tracez !
Pour toutes ces raisons, Le groupe communiste, qui a vu l’ensemble de ses demandes insatisfaites, votera donc contre cette première partie du budget.
Allocution prononcée le 20 octobre 2020