
Question au gouvernement : Les difficultés de la filière viande et bovins allaitants
Question posée le mardi 2 février 2021 à monsieur le Ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie
Monsieur le Ministre de l’Agriculture,
Cette pandémie n’en finit pas et nous sommes peut-être proches d’un nouveau confinement. Le secteur agricole a été salué et les agriculteurs ont été remerciés d’avoir nourri la France pendant ces temps difficiles. Je veux pourtant attirer votre attention sur les difficultés importantes que connaitre la filière bovins viande allaitants dans les départements d’élevage comme l’Allier, où je suis élu.
On ne cesse de mettre en avant la qualité et la sécurité alimentaire, à juste titre. Chez nous, les agriculteurs, en grande majorité, l’ont compris depuis longtemps et les productions sous signe de qualité sont nombreuses.La fermeture des restaurants, entre-autres, rend de plus en plus difficile l’écoulement des morceaux dits nobles, ceux qui apportent une plus-value financière à l’éleveur engraisseur et les prix payés au producteur baissent, les débouchés se faisant principalement sur le steak haché. Tous les types d’animaux sont concernés, les prix des broutards et des taurillons ont chuté. Il manque 100 à 200 euros par animal, c’est-à-dire le revenu de l’éleveur.
En fait, ceux qui ont joué le jeu de la qualité ne sont pas récompensés, bien au contraire. C’est tout là le paradoxe que je voulais mettre en lumière. La Loi EGALIM qui devait permettre de rémunérer les produits en fonction des coûts de production est aujourd’hui un véritable échec !
Monsieur le Ministre, sans une action rapide pour compenser ces pertes, de nombreuses exploitations risquent de disparaitre et les jeunes agriculteurs seront souvent les plus impactés. C’est aussi la filière qualité dans son ensemble qui est touchée aujourd’hui. Vous aviez pris des engagements lors de votre venue en Auvergne, quels en sont les résultats ?
Réponse de monsieur le Ministre de l’agriculture, Julien Denormandie
Permettez-moi de profiter de votre question pour adresser à l’ensemble de nos éleveurs les remerciements du Gouvernement, auxquels vous vous associez tous, j’en suis sûr. Les éleveurs sont très souvent pointés du doigt, comme dans ces campagnes diffamantes qui étaient encore présentes récemment dans les stations de métro.
Ils ont nourri le peuple français et continuent à le faire, eux qui travaillent en moyenne cinquante-cinq heures par semaine, c’est-à-dire l’horaire le plus lourd, tous secteurs confondus, comme l’indiquent les données publiées la semaine dernière par l’INSEE.
Au même moment, certains cherchent à les discréditer. Pour ma part, je suis fier d’eux et je sais que vous l’êtes aussi, tout comme le président Chassaigne, que je suis allé voir dans son beau département. Rendons-leur hommage !
Lorsque j’étais en Auvergne-Rhône-Alpes, il y a quelques semaines, nous nous sommes mis d’accord sur une feuille de route pour la filière des jeunes bovins et des broutards, dont la situation est très compliquée.
Nous appliquons cette feuille de route, tout en sachant qu’elle n’est pas suffisante, notamment en ce qui concerne les prix de court terme. Nous devons finaliser sa mise en œuvre, mais aussi faire en sorte que la loi EGALIM soit totalement appliquée. Pour ce faire, nous multiplions les contrôles.
Songez que l’on nous signale encore des prix de vente affichés en grandes surfaces qui sont tout juste au niveau du coût de revient des agriculteurs. C’est inacceptable ! Nous allons donc continuer à multiplier les contrôles.
Il faut aussi structurer les filières. Lançons-nous un défi : faire en sorte que les collectivités locales mettent de la viande de jeunes bovins au menu de leurs cantines. C’est une excellente viande pour nos enfants !
À un moment où l’on parle beaucoup de bien-être animal, je terminerais en vous livrant cette conviction : la meilleure façon d’assurer le bien-être animal, c’est d’abord de s’occuper du bien-être de l’éleveur, ne l’oublions jamais.