
SDIS : INTERVENTION GÉNÉRALE
- Prévention et évaluation des risques de sécurité civile,
- Préparation des mesures de sauvegarde et organisation des moyens de secours,
- Protection des personnes, des biens et de l’environnement,
- Secours d’urgence aux personnes victimes d’accidents, de sinistres ou de catastrophes, ainsi que leur évacuation.
Telles sont les missions qu’exercent les SDIS dans le cadre des compétences que leur confère l’article L 1424.1 du Code Général des Collectivités Territoriales (C.G.C.T.).
Ces rappels peuvent paraître anodins mais il me semblait important de les faire, tant pour rappeler l’étendue des missions des SDIS, que pour réaffirmer que leur rôle ne doit jamais être banalisé, l’augmentation du nombre d’interventions annuelles de 3 456 000 en 2004 à 4 605 000 à fin 2017 en témoigne.
Cette forte augmentation des interventions un contexte difficile de baisse du volontariat avec 195 800 pompiers volontaires à fin 2017. Comment avec une perte de plus de 11 000 volontairessur cette période, nos services de secours peuvent-ils assurer une telle augmentation d’activité, notamment en milieu rural où 80% des interventions sont assurées par des sapeurs-pompiers volontaires, contre 50% au niveau national ?
C’est là une des particularités des SDIS ruraux : ils fonctionnent grâce au volontariat et reposent sur un maillage territorial performant.
En effet, sur ces territoires, les missions de proximité des SDIS, missionsde protection, défense incendie, d’interventions auprès des personnes etc… ne peuvent se faire sans un maillage dense de centres de secours et de première intervention aujourd’hui composés exclusivement de pompiers volontaires.
L‘une des difficultés de ces centres est le renouvellement de ces volontaires. Certes, c’est peut-être, comme vous l’indiquez dans votre rapport chers collègues, dû à la montée de l’individualisme, aux mouvements démographiques, au renforcement des contraintes professionnelles ou encore à la départementalisation des SDIS.
Mais, je constate que dans un département rural comme le mien, l’Allier, qui subit l’ensemble de ces phénomènes, le travail mené depuis quelques années au sein du SDIS par l’Union Départementale des Sapeurs-Pompiers en lien avec le commandement, a permis d’inverser la tendance et ce, grâce à :
- Un travail de sensibilisation du grand public au volontariat en étant présent sur nombre de manifestations avec un véhicule dédié à la promotion
- Un effort sur le recrutement de Jeunes Sapeurs-Pompiers et sur la féminisation.
- Un effort accru sur la formation avec l’ouverture récente d’un centre départemental de formation à l’Incendie et aux Secours.
- Une approche pédagogique auprès des entreprises et des collectivités pour favoriser et sécuriser le volontariat mais aussi requérir l’assentiment des employeurs.
- Enfin, grâce à un changement d’image “du pompier” afin d’encourager le volontariat d’une manière générale et particulièrement sa féminisation. Si les missions dites périlleuses,comme la lutte contre les incendies, contribuent encore àune certaine image du pompier ancrée dans la société, elles représentent seulement 4% des interventions alors que 84% des interventions des SDIS concernent désormais le secours aux victimes et l’aide à la personne.
Ces efforts conjugués ont permis, dans l’Allier, une hausse deseffectifs de +10% en 5 ans et encouragé la féminisation chez les sapeurs-pompiers volontaire avec désormais 24% de femmes contre 17% au niveau national.
D’autres réflexions seraient aussi intéressantes à mener pour abaisser les durées d’interventions qui peuvent être un frein à l’engagement volontaire et à la disponibilité, notamment en entreprise.
Dans certaines situations par exemple, plutôt que de systématiquement transporter les victimes ou blessés vers les urgences, pourquoi ne pas, envisager, des transferts vers les hôpitaux de proximité équipés de lits de médecine, à même de traiter certaines urgences non vitales ? Le temps gagné serait alors autant de temps que les pompiers pourraient consacrer à d’autres missions ou bien permettrait aux volontaires de retourner plus rapidement sur leur lieu de travail.
D’autres pistes peuvent, dans cet esprit, être recherchées.
Pour autant, ce débat ne peut avoir lieu sans aborder la question des moyens financiers. Financés essentiellement par les collectivités locales, Départements et communes, on constate que les conventions qui sont signées actuellement entre les Départements et les SDIS sont des conventions à moyens constants, voire dans certains départements avec des dotations qui diminuent.
On ne peut pas assurer durablement un service de secours performant avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête.
Aujourd’hui, la baisse des dotations, que ce soit aux communes ou aux départements, peut influer directement sur les services que se doivent de rendre les SDIS.
On ne peut pas continuer à vouloir rogner sur les moyens qui sont mis à la disposition des secours dans notre territoire, alors même qu’ils connaissent une forte augmentation de l’activité opérationnelle et une nécessité d’investir, notamment dans la modernisation des équipements, qu’il s’agisse de modernisation des structures ou de l’immobilier, liée par exemple à l’adaptation à la mixité ou bien encore de la modernisation des moyens d’intervention.
Bref, on ne peut pas jouer avec les moyens qui sont ceux de la sécurité. Il faut prendre soin de nos pompiers en conduisant des politiques publiques leur donnant les moyens nécessaires à leur activité, mais aussi pour contrecarrer la baisse des effectifs de sapeurs-pompiers volontaires qui sont indispensables pour la protection des territoires, notamment ruraux.
C’est possible, l’Allier est un exemple qui montre que grâce à des politiques volontaristes et adaptées, on peut arriver à recruter, notamment en ayant une politique de recrutement de femmes en adéquation avec l’activité des SDIS.
Cette proposition de loi ne répond pas à tous ces enjeux mais elle a le mérite de valoriser l’engagement des pompiers volontaires et professionnels à travers des mesures concrètes.
Certaines sont urgentes, comme trouver les moyens de protéger nos sapeurs-pompiers, et tous les bénévoles d’ailleurs, de l’application de la directive européenne de 2003 sur le temps de travail.
Mais il en faudra plus pour répondre à une situation de plus en plus critique.
Est-ce que le service minimum pourrait déjà être un premier pas suffisant ?
Je pense aussi à l’absolue nécessité de légiférer au plus vite pour assurer la protection des pompiers de plus en plus souvent agressés dans l’exercice de leurs missions et le cas échéant, pour leur permettre de déposer plainte sous anonymat.
Le gouvernement et la majorité doivent apporter sans attendre des réponses aux SDIS et à tous les sapeurs-pompiers.
Oui, il faut répondre sans attendre aux revendications de l’intersyndicale de sapeurs-pompiers professionnels et des personnels des filières administratives, techniques et spécialisée des services d’incendie et de secours, qui dans un communiqué publié le 14 mars dernier poussait un cri d’alarme sur des budgets trop contraints, une augmentation massive des interventions, des conditions d’exercice de plus en plus difficiles ou encore une forte diminution des effectifs.
Le Gouvernement et la majorité n’ont de cesse de nous dire qu’ils s’occupent de tout, comme cela a encore été le cas en commission la semaine dernière.
On veut bien le croire, mais pour cela encore faudrait-il avoir un état des lieux des mesures mises en œuvre et des actions engagées par le gouvernement dans le cadre de du plan pour un nouvel élan du volontariat annoncé par Gérard Collomb, alors ministre de l’intérieur, le 29 septembre 2018, à Bourg-en-Bresse, devant le 125ème congrès national des sapeurs-pompiers.
Ce ne sont pas de discours convenus dont ont besoin les sapeurs-pompiers. Il y a urgence à agir, au-delà des positions partisanes, tout comme l’engagement des sapeurs-pompiers, dans le sens de l’intérêt commun.